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Collaborateurs créatifs McQueen : A. G. Cook

Collaborateurs créatifs McQueen : A. G. Cook

Découvrez les processus à l'origine de la bande-son du défilé Printemps-Été 2026 créée par A. G. Cook.

La collaboration entre McQueen et des artistes britanniques qui promeuvent l’innovation musicale se poursuit avec le défilé Printemps-Été 2026 et une bande-son produite par A. G. Cook.

Musicien et producteur de musique récompensé aux Grammy Awards, au style innovant et expérimental, A. G. Cook a créé une bande-son originale inspirée des références de la collection.

Des superpositions cinématographiques expansives qui associent des sons d'inspiration élémentaire (l’eau, la terre et le feu) et des rythmes techno syncopés. Explorant la tension entre le déconcertant et l’exaltant, la bande-son alterne entre acoustique et musique au synthétiseur, offrant une interprétation moderne du folklore anglo-saxon et de l'urbain, en quête de libération onirique.

Pouvez-vous nous parler de l'ambition fondamentale de la bande-son et de son développement ?

Le brief était de retrouver ce genre de folklore britannique étrange avec l'esprit des années 1970 de The Wicker Man, quelque chose que j'aime dans tous les cas. J’ai choisi d'interpréter cela en oscillant entre différents univers, qu'il s'agisse d'électronique, d'électrique ou d’acoustique, ou de quelque chose d’un peu ludique et sérieux : cette idée de quelque chose de sensuel et de sombre parfois et d'une joie qui peut également être sombre.

Toute une partie de la pièce utilise des versions très manipulées et rééchantillonnées de moi jouant avec ce tout petit pipeau. Ensuite, j'ai essayé de voir si je pouvais transformer cela en quelque chose de plus synthétique. C'est pourquoi on peut entendre certains accords un peu douteux parfois ! J'ai joué plusieurs instruments différents et les ai enregistrés, pour voir si je pouvais les rendre plus robustes et plus industriels, avant d’en revenir de nouveau à quelque chose de plus épuré.

C'est ainsi que j'ai commencé, et c'était assez aléatoire et amateur. Je ne suis pas un joueur de pipeau professionnel !

Comment la bande-son utilise-t-elle la trame narrative de la collection, qui consiste à se soumettre au pouvoir de la nature ?

J'ai grandi à Londres, ce qui constitue déjà un lien amusant avec la nature. C'est une ville verte, qui en même temps ne l’est pas. J'ai également passé beaucoup de temps à Los Angeles, qui offre un autre type de lien dystopique avec la nature. J'ai également passé beaucoup de temps dans différents parcs nationaux au Royaume-Uni et aux États-Unis, dans le Montana, dans le parc national de Yellowstone. Cela me donne l'impression d'être un citadin qui s'est progressivement perdu en pleine nature. C'est quelque chose que j’expérimente depuis plusieurs années.

Dans ma musique, j’ai longtemps banni les instruments. Je n'utilisais qu'un ordinateur portable, deux enceintes et un microphone. Pas de guitares, pas de touches musicales, rien. Aujourd'hui, je réapprends et en reviens progressivement aux instruments, qu'il s'agisse d'une guitare acoustique ou d'un enregistrement en extérieur. Beaucoup de choses que je m'interdisais reviennent.

Avec un brief comme celui-ci, où il s'agit de la tension que nous entretenons tous avec la nature, on peut vraiment s’amuser. Il y a comme une sorte d’insolence.

Pouvez-vous nous dire comment l'une des références créatives du défilé, The Wicker Man, a influencé votre approche et influencé la pièce ?

Il y a des éléments d’horreur, mais toujours avec ce genre de sourire effrayant. Il y a quelque chose d'ancien. C'est un collage, un peu dépareillé.  Le film joue avec cette tension d'un étranger qui se retrouve là-bas...

La bande-son possède de nombreux moments de silence, puis quand la musique commence, elle raconte des choses que les personnages ne disent jamais tout haut.

Quelles ont été vos propres références créatives ?

Le Royaume-Uni étant un pays très ancien, il y a cette mythologie constante qui peut remonter très loin, au point où l'histoire ancienne commence à presque ressembler à un avenir lointain. J’ai joué avec le passé, le présent et le futur. J'ai imaginé revenir 3 000 ans en arrière, aux origines de certaines villes et villages qui existent encore. J'ai réfléchi à ce qui se passait en l’an mille, de manière abstraite. Le Londres anglo-saxon où rien n’a encore vraiment eu lieu, mais qui garde en même temps les mêmes repères.

Je pense que c'est la même chose pour la musique pop, avec différents genres. Il ne s’agit pas de remonter aussi loin, mais il y a cette idée que l'on peut jouer avec les époques ou un retour en arrière. Est-ce aussi futuriste ? Je me suis beaucoup amusé avec la mythologie britannique, aussi bien sur le plan musical qu'historique.

C'est ainsi que j'ai étudié les spirales de l'art celtique, qui pouvaient presque faire penser à l’art optique de Bridget Riley. Il s’agit de deux univers bien distincts, mais qui partagent quelque chose de presque britannique. La fougue de William Blake, qui remonte à Beowulf avant d’évoluer vers les Beatles. Il s'agit peut-être simplement d'une idée du style britannique que nous essayons de mettre sur les choses.

Comment votre expérience avec les club sets et les paysages sonores du cinéma a-t-elle façonné cette bande-son ?

Les différentes sections de la bande-son se déclenchent comme dans un club set. Il y a ces morceaux de 1 ou 2 minutes que je fais en sorte de placer au bon moment et avec les bons looks.

Je trouve que la vivacité du moment est vraiment agréable. Grâce à mes propres chansons et à mon processus, j'ai tendance à tester des choses pour la première fois en direct ou dans un club, des choses qui sont le plus souvent inachevées. J'aime penser que la musique reste toujours inachevée parce que vous avez toujours un remix ou une version modifiée. C'est ainsi que les genres se construisent au sein de cette tour de Babel. J’aime voir la musique comme décousue et inachevée.

Je pense que mon processus consiste à s’en tenir à cela et à exploiter l'humour, l’écriture et la collaboration qui émerge de la musique elle-même. 

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